le pouvoir du moment présent

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Vous êtes ici pour permettre
à la mission divine de l'univers
de se déployer.
Voilà à quel point vous êtes important !
– Eckhart Tolle

 

 

L'ORIGINE DE CE LIVRE


Le passé ne m'est pas d'une grande utilité et j'y pense rarement. Cependant, j'aimerais vous raconter
rapidement comment j'en suis venu à devenir un guide spirituel et comment ce livre a vu le jour.
Jusqu'à l'âge de treize ans, j'ai vécu dans un état presque continuel d'anxiété ponctué de périodes de dépression suicidaire. Aujourd'hui, j'ai l'impression de parler d'une vie passée ou de la vie de
quelqu'un d'autre.
Une nuit, peu après mon vingt-neuvième anniversaire, je me réveillai aux petites heures avec
une sensation de terreur absolue. Il m'était souvent arrivé de sortir du sommeil en ayant une telle
sensation, mais cette fois-ci c'était plus intense que cela ne l'avait jamais été. Le silence nocturne,
les contours estompés des meubles dans la pièce obscure, le bruit lointain d'un train, tout me semblait si étrange, si hostile et si totalement insignifiant que cela créa en moi un profond dégoût du
monde. Mais ce qui me répugnait le plus dans tout cela, c'était ma propre existence. À quoi bon
continuer à vivre avec un tel fardeau de misère ? Pourquoi poursuivre cette lutte ? En moi, je sentais qu'un profond désir d'annihilation, de ne plus exister, prenait largement le pas sur la pulsion
instinctive de survivre.
« Je ne peux plus vivre avec moi-même. » Cette pensée me revenait sans cesse à l'esprit. Puis,
soudain, je réalisai à quel point elle était bizarre. « Suis-je un ou deux ? Si je ne réussis pas à vivre
avec moi-même, c'est qu'il doit y avoir deux moi : le “je” et le “moi” avec qui le “je” ne peut pas
vivre. » « Peut-être qu'un seul des deux est réel, pensai-je. »
Cette prise de conscience étrange me frappa tellement que mon esprit cessa de fonctionner.
J'étais totalement conscient, mais il n'y avait plus aucune pensée dans ma tête. Puis, je me sentis
aspiré par ce qui me sembla être un vortex d'énergie. Au début, le mouvement était lent, puis il
s'accéléra. Une peur intense me saisit et mon corps se mit à trembler. J'entendis les mots « ne ré-
siste à rien », comme s'ils étaient prononcés dans ma poitrine. Je me sentis aspiré par le vide.
J'avais l'impression que ce vide était en moi plutôt qu'à l'extérieur. Soudain, toute peur s'évanouit et
je me laissai tomber dans ce vide. Je n'ai aucun souvenir de ce qui se passa par la suite.
Puis les pépiements d'un oiseau devant la fenêtre me réveillèrent. Je n'avais jamais entendu un
tel son auparavant. Derrière mes paupières encore closes, ce son prit la forme d'un précieux diamant. Oui, si un diamant pouvait émettre un son, c'est ce à quoi il ressemblerait. J'ouvris les yeux.
Les premières lueurs de l'aube fusaient à travers les rideaux. Sans l'intermédiaire d'aucune pensée,
je sentis, je sus, que la lumière est infiniment plus que ce que nous réalisons. Cette douce luminosité filtrée par les rideaux était l'amour lui-même. Les larmes me montèrent aux yeux. Je me levai et
me mis à marcher dans la pièce. Je la reconnus et, pourtant, je sus que je ne l'avais jamais vraiment
vue auparavant. Tout était frais et comme neuf, un peu comme si tout venait d'être mis au monde.
Je ramassai quelques objets, un crayon, une bouteille vide, et m'émerveillai devant la beauté et la
vitalité de tout ce qui se trouvait autour de moi.
Ce jour-là, je déambulai dans la ville, totalement fasciné par le miracle de la vie sur terre,
comme si je venais de venir au monde.
Pendant les cinq mois qui suivirent, je vécus sans interruption dans une grande béatitude et
une paix profonde. Par après, cela diminua d'intensité ou telle fut mon impression peut-être parce que cet état-là m'était devenu naturel. Je pouvais encore fonctionner dans le monde même si je ré-
alisais que rien de ce que je faisais n'aurait pu ajouter quoi que ce soit à ce que j'avais déjà.
Bien entendu, je savais que quelque chose de profondément significatif m'était arrivé, sans
toutefois comprendre de quoi il s'agissait. Ce ne fut que plusieurs années plus tard, après avoir lu
des textes sur la spiritualité et passé du temps avec des maîtres spirituels, que je compris qu'il
m'était arrivé, à moi, tout ce que le monde cherchait. Je compris que l'intense oppression occasionnée par la souffrance cette nuit-là devait avoir forcé ma conscience à se désengager de son identification au moi malheureux et plein de peur profonde, qui en fin de compte n'était qu'une fiction. Ce
désengagement avait dû être si total que ce faux moi souffrant s'effondra immédiatement, comme
un ballon qui se dégonfle quand on enlève le bouchon. Tout ce qui restait, c'était ma véritable nature, l'éternel je suis, la conscience dans son état vierge avant l'identification à la forme. Plus tard,
j'appris également à retourner en moi, dans ce royaume intemporel et immortel que j'avais au début
perçu comme un vide, tout en restant pleinement conscient. Je connus des états de béatitude et de
grâce tels qu'il est difficile de les décrire et qu'ils éclipsent même la première expérience que je
viens de décrire. Il fut un temps, pendant une certaine période, où il ne me resta plus rien sur le
plan concret. Pas de relations, pas d'emploi, aucune identité sociale. Je passai presque deux ans assis sur les bancs de parcs dans un état de joie la plus intense qui soit.
Mais même les plus belles expériences ont une fin. Il y a peut-être quelque chose de plus important que n'importe quelle expérience, et c'est la paix sous-jacente qui ne m'a jamais quitté depuis
ce jour-là. Elle est parfois très puissante, presque palpable, et les autres peuvent la sentir aussi. À
d'autres moments, elle est plus en arrière-plan, semblable à une mélodie de fond.
Plus tard, les gens sont venus me voir à l'occasion en me disant : « Je veux arriver à la même
chose que vous. Pouvez-vous m'y amener ou me montrer comment faire ? » Et je leur répondais :
« Mais vous y êtes déjà. Vous ne pouvez pas le sentir parce que votre mental fait trop de bruit. »
Cette réponse s'élabora et devint plus tard le livre que vous tenez entre les mains.
En un rien de temps, je me retrouvai de nouveau avec une identité. J'étais devenu un enseignant spirituel.