03 l’illumination
Pourquoi le boudha attend aux porte du paradis
Soyez profondément vigilant dans tout ce que vous faites; ainsi les plus
petites choses deviennent sacrées. Faire la cuisine ou le ménage devient
un acte sacré, un acte de dévotion. L'important n'est pas ce que l'on
fait, mais comment on le fait. On peut laver le sol comme un robot,
mécaniquement; il faut le laver et donc vous le faites - mais vous passez
alors à côté de quelque chose de beau. Nettoyer le sol aurait pu être
une belle expérience - vous ne l'avez pas saisie; le sol est propre mais
quelque chose qui aurait pu se produire en vous, n'a pas eu lieu. Si vous
aviez été conscient, vigilant, non seulement le sol aurait été nettoyé,
mais vous-même auriez ressenti une profonde purification.
Soyez profondément attentif quand vous nettoyez le sol, soyez éblouissant
de vigilance. Que vous soyez assis, ou en train de marcher ou de travailler,
gardez ce fil conducteur: rendez votre vie de plus en plus lumineuse de
vigilance. Laissez la flamme de la conscience brûler à tout moment, dans
chacune de vos actions. L'illumination en est l'effet cumulatif. L'ensemble
de toutes les petites flammes, de tous les moments lumineux et de leur
effet cumulatif, devient une immense source de lumière.
L'histoire raconte que lorsque Gautam le Bouddha mourut,
il arriva devant les portes du paradis. Ces portes s'ouvrent
rarement, seulement quelques rares fois au cours des siècles. Il n'y
a pas de visiteurs tous les jours, et lorsque quelqu'un se présente,
tout le paradis s'en réjouit. Une conscience de plus est parvenue à
l’éveil ; l'existence devient bien plus riche que ce qu'elle n'était.
Les portes étaient ouvertes et tous les éveillés déjà parvenus au
paradis se tenaient là ... parce que dans le Bouddhisme il n'existe
pas de Dieu, mais toutes ces personnes illuminées sont divines -
aussi y a-t-il autant de dieux que d'êtres éveillés. Ils s'étaient
tous réunis à l'entrée avec de la musique, des chants, de la danse.
Ils voulaient accueillir Gautam le Bouddha, mais à leur grande
surprise celui-ci se tenait le dos tourné à la porte. Son visage était
encore tourné vers le lointain rivage qu'il venait de quitter.
« Voilà qui est étrange. Qui attends-tu? lui demandèrent-ils.
- Mon cœur n'est pas si petit, aurait-il répondu. J'attends tous
ceux que j'ai laissés derrière moi et qui s'évertuent sur le chemin.
Ils sont mes compagnons de voyage. Gardez vos portes fermées
il vous faudra attendre encore un peu avant de célébrer mon entrée
au paradis, parce que j'ai décidé que je serai le dernier homme
à passer cette porte. Quand tous les hommes se seront éveillés
et auront franchi cette porte, quand il n'y aura plus personne au
dehors, alors le moment sera venu pour moi d'entrer. »
Cette histoire est une légende - ce n'est pas un fait réel. Une
fois éveillé, vous pénétrez la source universelle de la vie, et cette
décision ne vous appartient pas. Ce n'est ni votre choix ni votre
décision. Mais l'histoire dit que Bouddha résiste encore, même
après sa mort. Cette histoire vient de ce qu'il avait annoncé la
veille de sa mort; qu'il vous attendrait tous.
Il ne peut plus attendre ici, il a déjà trop attendu. Il aurait
déjà dû partir, mais en voyant votre souffrance et votre tristesse,
il a malgré tout réussi à se maintenir là. Mais cela devient de plus
en plus difficile. Il va devoir vous quitter - à contrecœur - et il
vous attendra sur l'autre rive; il n'entrera pas au paradis, c'est
une promesse: « Aussi n'oubliez pas que je resterai là, pour vous,
pendant des siècles. Mais dépêchez-vous, ne me décevez pas, et
ne me faites pas attendre trop longtemps. »