09 25 Vous dites vouloir briser l'ancien schéma et le remplacer par un « nouveau », qui n'est autre qu'une version modifiée de l'ancien...
La plus formidable des révolutions, c'est la vie
L'esprit est maintenu dans un modèle. Son existence même est le cadre à l'intérieur duquel il
fonctionne et se meut. Le modèle fait référence au passé ou au futur, c'est l'espoir et le désespoir,
la confusion et l'utopie, c'est ce qui a été et ce qui devrait être. Nous connaissons tous
parfaitement bien ces questions. Vous dites vouloir briser l'ancien schéma et le remplacer par un
« nouveau », qui n'est autre qu'une version modifiée de l'ancien... Vous voulez édifier un monde
nouveau. C'est impossible. Vous pouvez vous mentir à vous-même et tromper les autres, mais tant
que l'ancien modèle ne sera pas totalement détruit, il ne pourra y avoir de transformation. Et
même si vous pouvez trouver l'idée séduisante, ce n'est pas vous qui représentez l'espoir du
monde. Briser les modèles, les anciens comme les soi-disant nouveaux, est de la plus extrême
importance si l'on veut mettre de l'ordre dans ce chaos. C'est pourquoi il est tellement important
de comprendre le mécanisme de l'esprit...
Est-il possible que l'esprit n'ait pas de modèle, qu'il soit libéré de ce mouvement pendulaire du
désir entre passé et futur? C'est effectivement possible. C'est l'action qui consiste à vivre dans le
présent. Vivre, c'est être sans espoir, faire fi du lendemain ; ce qu'il ne faut pas confondre avec le
désespoir ou l'indifférence. Mais nous ne vivons pas, nous sommes toujours à la poursuite de la
mort, du passé ou du futur. La plus formidable des révolutions, c'est la vie. La vie n'a pas de
modèles, mais la mort en a: le passé ou le futur, ce qui a été, ou l'utopie. Vous vivez pour l'utopie,
et ce faisant, vous sollicitez la mort, et non la vie.