les trois A

LES TROIS ((A)) DE LA LIBÉRATION :
L’ACCEPTATION, L’ABANDON ET L’ABNÉGATION


Celui qui veut explorer à partir d’une montgolfière, pour avoir une perspective plus juste d’un
territoire, doit accepter de couper les amarres et se délester au maximum du superflu. De même, celui
qui veut s’élever très haut dans les plans de la Conscience cosmique gagne à comprendre la notion de
détachement. Cet état de libération se comprend très bien dans les trois vieux mots du vocabulaire
mystique que sont l’acceptation, l’abandon et l’abnégation, qui souvent se chevauchent, au niveau du
sens.
L’acceptation
Dans le vocabulaire religieux ou spirituel, l’acceptation renvoie au détachement, au
renoncement, à la résignation, au consentement à ce que l’on croit être la Volonté de Dieu. À
un autre niveau, dans l’acte de créativité, elle consiste à affirmer ce qu’on veut et ressent et
à croire en sa réalisation immédiate en lassant la chose se produire sans résistance.
L’acceptation commence par le constat de ce qui est là devant soi. Elle implique le
consentement à s’ouvrir au dynamisme réel de la vie et de saisir les limites de son libre
arbitre. Elle suggère de prendre la décision de répondre à la Volonté de Dieu en acceptant
pleinement la vie comme elle est afin de répondre à son destin cosmique. Elle suggère
encore de consentir à vivre son unicité et sa rareté de façon originale, créatrice,
constructive, dans le respect de la Loi cosmique. Elle invite à croire que, au sens évolutif,
conformément à l’Ordre ou à la Justice immanente, en tout temps et en tous lieux, tout
arrive toujours pour le mieux, le bon comme le mauvais, le meilleur comme le pire. Alors, on
considère les circonstances extérieures de la vie comme le milieu et l’occasion de progresser
en conscience. Nul n’a le choix : ce qui arrive, arrive, ce qui s’est passé, s’est passé, ce qui
s’est produit, s’est produit. Il ne reste qu’à en tirer la leçon salutaire. C’est moins ce qui
arrive qui détermine l’orientation de sa vie que ce qu’on décide d’en faire. Ainsi, quand on
accepte de plein gré un fait, il n’y a plus de souffrance. Et c’est le meilleur moyen d’écarter
la peur. Tout vient, tout passe, rien n’est permanent. Tout ce qui vient passe toujours et
tout ce qui arrive, on l’a attiré, consciemment ou inconsciemment. Ainsi, l’acceptation
permet d’opérer en soi une alchimie intérieure par la conscience qu’il existe une Providence
divine qui ne se trompe jamais. Cette conception aide à dissoudre les noeuds karmiques.
Mais accepter ne consiste pas à se résigner, mais à changer ce qu’on peut, selon sa
compréhension et ses moyens, et à s’adapter pour le reste.
En fait, l’acceptation devrait consister à embrasser, à tenir et à aimer chaque situation
comme si elle appartenait à soi, parce qu’en fait, elle résulte de sa propre créativité
consciente ou inconsciente. Cela implique qu’on l’assume entièrement, sans fatalisme, pour
en faire l’expérience autrement, en changeant ce que l’on peut changer et en s’adaptant pour
le reste. Car l’acceptation n’implique jamais que l’on doive maintenir ce que l’on peut
changer mais dont on n’est pas satisfait. Dans certains cas, elle invite à éviter de faire
acception de personnes et à bénir tout. L’homme est un être libre, mais il doit connaître les
limites de son libre-arbitre. C’est pécher contre l’Esprit que de se couper de la Source divine,
de refuser la vie et de ne pas réaliser la part du Plan cosmique qui revient à chacun.
L’homme doit se conformer à la Volonté de Dieu. L’homme aime affirmer du bout des lèvres:
Père, que ta Volonté soit faite. Mais en même temps, s’il y pouvait quelque chose, il
transformerait les Lois naturelles à son idée, à son image et à sa mesure pour ménager ses
aises, assouvir ses convoitises, affirmer son désir de pouvoir. Ne devrait-il pas plutôt se
former une vision réaliste de ce qu’il est, des instruments qu’il possède, de son rythme
personnel pour changer ce qu’il peut, dans sa vie personnelle, et accepter et s’adapter pour
le reste? Le chercheur sincèrement engagé gagne à se résigner à ne pas recevoir ce qu’il
demande si sa Conscience intérieure sait que cela constitue pour lui une entrave ou une
erreur. Pour le Dieu intérieur, dire non c’est autant une réponse que de dire oui. La
première chose qu’il faut accepter, c’est la Vie, l’énergie première qui doit circuler toujours
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davantage à travers soi. Chacun doit entrer dans son rythme, au lieu de le contrer, de façon consciente
ou inconsciente, de façon délibérée ou par négligence. L’acceptation conduit à l’adaptation.
Mais comment peut-on accepter la vie sans s’accepter soi-même de façon lucide et réaliste?
Chacun doit s’accepter comme il est vraiment, non comme il aime s’imaginer. L’amour de soi
commence avec l’acceptation de son être tel qu’il est. Chacun doit fonctionner avec son image réelle,
non avec son image illusoire. Tant qu’un candidat s’identifie au personnage qu’il croit incarner, dans la
comédie humaine, tant qu’il croit exprimer un idéal qu’il n’a pas vraiment atteint, il ne peut pas agir
dans la substance vivante de son être et il ne peut pas fertiliser la terre. Personne ne tirera quoi que ce
soit d’utile d’un rêve ou d’une illusion. Chacun doit s’accepter comme il est et se voir comme il est. En
s’acceptant comme il est, le sujet permet à l’acte de vérité de se produire. Dès lors, la vie peut
construire, à travers lui, sur du réel. Toutefois, s’accepter ne signifie jamais qu’on doive lâcher la bride
à toutes ses pulsions. Cela signifie plutôt les laisser s’exprimer sous son regard observateur. On
pourra alors saisir leur mécanisme pour les transmuter sur un plan supérieur, les amener à s’accomplir
en plénitude, mais d’une manière sacrée. Sans cela, on devrait se méfier de ce qui pourrait surgir en
soi et forcerait à adopter une attitude de combat.
L’abandon
Chez le commun des mortels, le mot abandon désigne le choix de renoncer à sa volonté propre,
mais, en spiritualité, il ajoute la notion de s’en remettre avec confiance à la Volonté de Dieu. Au cours
des années, on l’a diversement appelé détachement ou renoncement et, en termes plus contemporains,
lâcher prise ou laisser aller.
En fait, s’abandonner, c’est mettre un terme à toute résistance, face à la Vie, pour qu’elle
circule, à travers soi, toujours de façon de plus en plus abondante. L’abandon implique une mise à
l’ordre, en soi, afin d’entrer en mouvement à travers toutes les parties de son être. Cet état permet
d’identifier progressivement tout ce qui encombre la conscience et l’empêche de prendre son expansion.
Il conduit au discernement par lequel on peut repérer ses attentes intellectuelles et sensibles qui
agissent comme un filtre à l’intuition et écartent de sa véritable mission. L’abandon mène au
détachement. Mais il ne supprime pas, pour le candidat, la nécessité de rester en alerte, vigilant,
attentif, pour saisir les signes de la Vie et pour agir au moment opportun. La consigne demeure: Aidetoi
et le Ciel t’aidera. Il apprend à identifier ses faux attachements, ses attentes illégitimes, ses
affections délétères, ses pulsions préjudiciables. Il aide à comprendre la maxime: Cherchez d’abord le
Royaume des Cieux et le reste vous sera donné par surcroît.
L’abandon illustre une situation où un être perd le contrôle et où il doit laisser faire, parce qu’il
n’a pas le choix. Elle appelle au lâcher prise ou au renoncement parce que des circonstances qui
échappent à son pouvoir ou à son entendement agissent. Alors, il doit s’’élever au-delà de ses
convenance et de ses structures. L’aptitude à s’abandonner accélère l’évolution. Dans tout ce qu’un
être change, sa vie s’en trouve améliorée. Un des plus grands défis, c’est le lâcher prise de tout ce qui
ne sert plus, bénissant ce qu’on abandonne, pour accueillir ce qui se présente. Pour évoluer, il faut
toujours abandonner quelque chose pur rester en mouvement : une attitude, un rôle, une relation, un
travail, une manière de vivre. Il faut apprendre à être ouvert au changement et à la nouveauté et à
laisser partir le passé lorsqu’il ne sert plus. Rien n’arrive pour punir, mais pour faire comprendre. Le
plus difficile à lâcher, c’est souvent son rôle de victime ou de sauveur. Tout est remplacé par autre
chose offrant de nouvelles occasions de grandir et d’évoluer.
Si l’évolution implique apparemment tant de souffrances, une des principales causes en est
l’attachement. Plus vite on abandonne le passé et plus facilement on accueille le nouveau, plus on
grandit dans la joie plutôt que dans la résistance et la lutte. Dans la vie, la croissance implique
naturellement des changements, l’ouverture à de nouvelles attitudes, le développement de nouvelles
aptitudes, l’acceptation de nouvelles formes, l’intégration de nouvelles perspectives, la rencontre de
nouvelles personnes. On s’accroche souvent à ce qu’on possède parce qu’on le considère comme mieux
que ce qu’on pourrait recevoir. Si on pense à changer en mieux, on traversera plus facilement ce
processus, s’ouvrant à ressentir la joie d’acquérir un nouveau résultat. Dans toute perte, on peut
toujours imaginer que c’est la meilleure chose qui puisse arriver, même si on n’en voit pas encore la
raison. Il suffit de décider de faire confiance à sa faculté de créer pour soi le meilleur et de se réjouir
des merveilleuses surprises qui attendent en réserve. Il faut laisser passer les choses, les aider à le
faire. Le fait de s’accrocher à une réalité peut la garder à distance. En abandonnant une chose, on lui
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permet de revenir ou de partir à jamais pour que quelque chose d’autre le remplace. Si la vie évolue,
rien ne peut partir sans annoncer quelque chose de meilleur.
Il faut vivre le changement comme une grande aventure de libération, faisant confiance à la
sagesse de Dieu et de l’Univers, s’installant dans la joie et la paix. En toutes circonstances, le Créateur
agit dans l’amour, s’occupant de soi. Si on ne fait pas les changements qu’il inspire, ils se produiront
de force, sans son intervention. Ce qu’on n’apprend pas dans la sagesse, on doit l’apprendre dans la
dans la douleur et la souffrance. Il faut sans cesse penser de façon nouvelle, plus ouverte. Le sentier
devient facile pour ceux qui ne forment plus de préférence. Les faux attachements consument tant
d’énergies précieuses ! On gagne surtout à dissoudre ces habitudes inconscientes qui ne servent pas le
meilleur de son être et qui empêchent d’adopter de nouvelles manières d’être. Bien souvent, il faut
comprendre qu’on n’a pas à abandonner ses préférences, mais sa dépendance à leur égard. On n’est
bien que libre. Alors, il faut éviter de laisser ce qui fait partie de sa vie contrôler son être.
Ici, on pourra se demander de quels attachements on parle. C’est bien connu, on peut
s’attacher à des personnes, à des objets, à des endroits, à des habitudes. Mais c’est oublier qu’on peut
aussi s’attacher à des situations troublantes et à des émotions fortes. Comme on peut s’attacher à ses
programmes mentaux comme si le mental était son directeur de conscience. On peut s’attacher au
monde extérieur, oubliant de se créer un espace intérieur, un havre de paix, un sanctuaire sacré de
silence et de calme. On peut s‘attacher à des lectures, à des enseignements, à un guide, oubliant son
Soi supérieur. On peut s’attacher à ses plans malgré les messages de son intuition. On peut s’attacher
à un horaire ou à un emploi du temps. On peut s’attacher à son apparence ou à ce que les autres
pensent de soi, se souciant d’être aimé, apprécié et compris. On peut avoir besoin de recevoir des
éloges ou de la reconnaissance pour agir. On peut tenter de forcer les autres à réaliser ce qu’on fait.
On peut s’attacher à ses ambitions personnelles ou à ses attentes. On peut s’inquiéter du nombre de
personnes que son travail attire ou atteint. On peut s’attacher à son besoin de voir les choses se
passer à sa guise. On peut craindre de perdre du temps pour toujours. On peut croire que si on ne
s’attache pas aux autres, on ne les aime pas.
Heureusement, le détachement donne une plus claire perspective de l’aide qu’on peut donner,
du nombre de personnes qu’on peut aider par son intervention, des limites à ce qu’on peut donner. On
gagne à apprendre à se détacher de la personnalité des êtres pour échapper à leur emprise, à leur
mauvaise humeur, à leurs petites manies et à leurs petits défauts. Ainsi, on peut se centrer sur leur
grandeur pour en faire davantage l’expérience. Le détachement consiste à aimer les autres comme ils
sont, sans tenter de les changer. Il consiste encore à trouver le bon moment et le bon moyen pour
ajouter de l’amour dans leur vie, par une pensée ou un contact, afin de leur donner la force nécessaire
pour s’élever vers une plus haute conscience. Souvent, on découvrira qu’il faut s’écarter de ceux qu’on
aime, dans des moments de crise, pour mieux les aider à se retrouver, sans se soucier du reste. Il ne
faut aller à la rencontre des autres que lorsqu’on se sent intérieurement appelé à le faire.
En toute vérité, on trouve beaucoup plus de joie et de paix en se délivrant de ses attachements.
Voilà qui permet à son monde de grandir, à de nouvelles occasions de se présenter. Alors, on gagne en
liberté, accroissant ses potentialités. Surtout, on conserve son bien-être quoi que les autres fassent.
Les Sages disent qu’on devrait s’insérer dans le monde terrestre comme si on lui appartenait, mais en
cultivant le renoncement à l’attrait qu’il peut exercer sur soi. Car, comme il a été dit, nous sommes en
ce monde et de ce monde, mais nous ne lui appartenons pas. En somme, la vie vaut plus que la chair
et la chair plus que le vêtement. Nul n’a d’existence distincte du Créateur et de l’Homme-Dieu. Chacun
est une goutte dans l’Océan suprême.
Le principe mystique du sacrifice volontaire de soi, donc de son intérêt. Quelqu’un l’a définie comme la
confiance accordée au Ciel. Dans la pensée orientale, ce mot peut impliquer le renoncement, soit
l’abandon à la fatalité, l’abandon à la Volonté divine ou le renoncement aux pulsions égoïstes. Pour le
métaphysicien, le vrai mystique, le sacrifice de soi constitue une aberration.
L’abnégation
En général, l’abnégation pousse plus loin l’attitude de détachement exprimée dans les deux
notions qui précèdent. L’abnégation désigne le renoncement volontaire à son intérêt purement
personnel pour s’ouvrir à l’altruisme et à une conscience plus universelle. Elle implique un
désintéressement et un dévouement personnels à une cause supérieure. Pour le chercheur spirituel et
le mystique, il s’agit de l’accomplissement de la Volonté de Dieu ou la réalisation de son Plan cosmique.
Il ne s’agit pas d’écarter les choses du monde, mais de passer à travers elles sans attachement. Car, si
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chacun vit en ce monde, il ne lui appartient pas. Elle invite à vivre heureux à sa manière, qu’on ait le
ventre plein ou vide, à vivre pleinement son expérience personnelle. Elle suggère surtout de se confier
à Dieu de tout son être, confiant qu’il pourvoira à tous ses besoins, laissant à sa discrétion le soin de
son être, pour éviter de résister à l’Évolution, mais sans s’anéantir soi-même. L’abnégation consiste à
se détacher progressivement de ses motivations purement égoïstes pour s’ouvrir aux besoins des
autres et pour entrer dans le dynamisme cosmique. Chaque être est une cellule du Grand Corps
mystique. Il doit devenir de plus en plus altruiste et impersonnel.
L’être humain demande toujours ceci, cela ou autre chose. Pourtant, le plus grand présent à
demander, c’est d’accepter simplement tout ce qui a déjà été donné à chaque enfant de Dieu. Car ce
que l’âme peut offrir correspond rarement à ce qu’il pense vouloir ou dont il croit avoir besoin. Elle
implique l’esprit d’attention et de vigilance, loin de la passivité, pour comprendre les appels de la vie,
agir au moment opportun, saisissant les occasions favorables de progresser, de supprimer en soi ce qui
fait obstacle et encombre sa conscience. Elle invite à mettre un terme à sa résistance mentale et
sensible afin que les énergies de la vie circulent en abondance à travers soi. Il incite à retrouver l’esprit
d’enfance, cet état de candeur, d’innocence, de spontanéité et d’émerveillement, par lequel le
discernement ou la sagesse pratique indique ce qui est à faire, quand il y a quelque chose à faire, au
moment opportun, pour profiter de l’occasion favorable. L’abnégation ne supprime jamais la nécessité
de rester en état d’alerte, de vigilance, d’attention pour capter les signes et les messages de la vie afin
d’agir de la bonne manière au bon moment avec les meilleurs moyens.
L’abnégation conduit à changer ce qu’on peut changer et à s’adapter au mieux pour le reste afin
d’épouser le courant de la vie à travers soi. L’abnégation met un terme à la résistance et elle remplace,
jusqu’à un certain point, la foi. Elle aide à savoir où l’on va, même si on ne sait pas comment s’y
rendre ou par quel avenue y arriver. Car celui qui avance avec résolution, le coeur ouvert, ne peut
s’égarer. L’abnégation représente une confiance active qu’on développe non en accumulant, mais en
donnant, en semant. C’est un état qui vient naturellement quand on reste uni à son Maître intérieur,
son Centre intime.
© 2009 Bertrand Duhaime (Douraganandâ)
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