Metta Vipassana


Les quatre demeures divines en tant que qualités méditative.
 
Lorsque nous lisons, évoquons ou méditons sur « metta », la bienveillance, cela nous semble être quelque chose d’absolu, un amour inconditionnel que l’on délivre à tous les êtres. 
Pourtant si nous ne sommes pas capable de nous aimez nous même –correctement-, nous ne pouvons prétendre aimez les autres, inconditionnellement. 
Dans le Bouddhisme nous faisons l’expérience des choses pour les connaître personnellement. 
Ainsi, nous devons faire l’expérience de « metta » à notre niveau. 
Metta a plusieurs sens, et plusieurs niveaux d’applications. 
Nous commencerons avec un niveau qui soit facilement adaptable et compréhensible, metta en tant qu’amitié envers nous même et envers les évènements qui nous arrive. 
Il s’agit d’être ouvert et amical envers les phénomènes que nous considérons comme « ennemis » ou « négatifs ». 
Habituellement nous rejetons de nombreuses choses, soit parce que nous ne souhaitons pas les voir, soit parce qu’elles nous font souffrir. 
Lorsque qu’une douleur physique se présente, nous exerçons une contraction autour de cette douleur, de manière naturelle. Nous l’isolons car nous ne voudrions pas la ressentir. Ainsi, il se crée le sujet « moi » et l’objet « ma douleur », nous sommes dans la dualité. 
C’en est de même pour la colère, il y a « moi » et il y a « ma colère ». 

Le but de la méditation avec metta est d’être ouvert et d’accueillir amicalement ce qui nous semble désagréable. 
Nous prenons la base de la vision pénétrante –vipassana- et l’observation de la respiration comme objet principal. Lorsque qu’une douleur physique apparaît, soyons un peu plus amical envers elle, ne la rejetons pas. 

En déplaçant notre attention vers le cœur nous essayons de voir quelle sensation prédomine. 
Nous devons nous relier avec notre cœur « spirituel », situé au milieu de la poitrine et laisser venir à nous les sensations désagréables. 
Il faut introduire en peu d’amitié dans cette sensation désagréable. 
Elle fait partie de nous et ce n’est pas en la repoussant que nous pourrons réussir à nous en défaire, complètement. 
A chaque fois nous revenons à l’observation de la respiration, ou à l’attention au corps, à la connaissance de l’état d’esprit au moment présent. 

Si nous rencontrons un sentiment « négatif » comme par exemple l’irritation, il est fort probable qu’en observant attentivement ce sentiment, on découvre derrière un autre sentiment duquel découle ce sentiment le plus apparent qui est « l’irritation ». Il peut s’agir de la frustration, et puis de la peur qui est très relié à notre ego. Donc en rejetant l’irritation je ne fais que repousser une énergie très forte, je ne peux remonter jusqu’à la source de ce sentiment négatif. La peur est une force de vie très puissante. Il nous faut l’examiner et non la renier. 

Lorsque la colère est présente, essayons d’introduire un peu d’amitié dans cette colère. Ainsi d’une colère dense, nous aurons une colère plus « amicale », d’une colère incontrôlable, nous aurons une colère plus enclin à être observée. 
La colère est un sentiment tout à fait « commun », elle fait partie de nos gènes en quelque sorte. 
Il ne s’agit pas de la réprimer ou de l’étendre. 
En acceptant la colère nous acceptons d’être humain et de partager cette caractéristique. 
En s’ouvrant à la colère, petit à petit, nous permettons à celle-ci de se transformer. 
Il en est de même pour tous les aspects déplaisants que nous rencontrons. 
En transformant notre rapport au monde nous arrivons à nous ouvrir totalement aux phénomènes, en intégrant même ceux que l’on considère comme « ennemi » et que l’on veut séparer de nous mêmes habituellement. 

Notre cœur a un mécanisme d’ouverture et de fermeture selon le contexte dans lequel nous nous trouvons. 
Cependant bonheur et malheur sont des choses très relative, l’un existe par rapport à l’autre, et dépend de notre perception. 

Plutôt que de concevoir metta comme un idéal extérieur à nous mêmes, la pratique de metta commence à l’intérieur de nous mêmes, grâce à la méditation vipassana, et nous permet d’être réceptif à toutes les sensations sans créer de dualité, notamment d’être réceptif aux sensations déplaisantes. 
Allant du personnel vers le transpersonnel, nous serons capable d’ouvrir notre cœur à toutes les expériences et de diffuser metta à tous les êtres naturellement. 




Le développement de metta sert de base aux trois autres demeures divines. 
Karuna, la compassion est développée en demeurant présent avec la souffrance. D’abord avec celle que nous ressentons, en tant que douleur, peine, puis comme compassion et partage de la souffrance avec autrui. 
Mudita, la joie altruiste, se développe en éveillant en nous un sentiment de bien être et en lui permettant de demeurer. 
L’équanimité, upekka, se rencontre comme résultat des pratiques précédentes. C’est une qualité qui permet de rester stable face aux turbulences que rencontre l’esprit et de même, attentif face à un sentiment de paix.

Il ne faut pas confondre upekka avec l’indifférence qui met une distance entre le sujet et l’objet. 
L’équanimité est un aboutissement car c’est l’union de la pratique de karuna et de mudita, de metta avec upekka. Là où, dépassant le moi, nous rencontrons toutes les émotions avec la même bienveillance, capable d’être pleinement réceptif à tous les phénomènes qui se présentent, plein de bonté envers nous même comme avec autrui. 

Continuez dans votre pratique et bonne chance ! 
Avec metta.


 

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